Journée sens - 26 avril 2016 -  Bérinzenne (Spa)

« Nous avons besoin de sens. Nous avons besoin de valeurs. Nous n’avons pas besoin seulement de neutralité ou de vide. Et si nous n’avons rien à transmettre, les jeunes iront le chercher par eux-mêmes… »

X. Muller

L'exposé du Professeur De Munck :

Le mardi 26 avril avait lieu dans le cadre enchanteur de Bérinzenne-Spa la « journée sens » prévue annuellement pour les directions du secondaire. L’intérêt de cette journée tenait d’une part au sujet annoncé : Neutre, mon école catholique ? ainsi qu’aux deux invités pour répondre à cette question.

La matinée a été centrée sur la réponse à cette question, avec l’apport, ô combien précis et pertinent, du Professeur J. De Munck (UCL), sociologue et philosophe. Distinguant la neutralité à visée objective (celle qui anime tout savoir scientifique et qui doit animer tout enseignant dans son rapport au savoir) de la neutralité de l’Etat (celle indispensable au fonctionnement de la démocratie constitutionnelle), le professeur De Munck a également évoqué, dans le prolongement de la neutralité à visée objective, une neutralité comme ‘méthode de compréhension du discours de l’autre’ qui cherche à rencontrer celui-ci au plus juste de ce qu’il est et nécessite en quelque sorte ce qu’il a appelé une « charité herméneutique ». Cette neutralité requiert en effet la neutralisation de mes préjugés sur l’autre. On le voit, M. De Munck a plaidé, dans nos écoles, pour un savoir critique de l’éducation, dont la finalité est précisément de former des personnalités capables de s’engager, et non des personnalités neutres. Ce travail de l’éducation est travail de décentrement du jeune, qui passe par diverses épreuves critiques, par l’appropriation lente et progressive des sciences et la découverte du religieux, entendez du rapport critique au religieux, lui-même articulé à une foi particulière… à toujours explorer. Quant à l’Etat, sa neutralité doit garantir la liberté individuelle dans toutes ses composantes (liberté politique, liberté économique, liberté culturelle, liberté religieuse …)

Si l’Etat a un devoir de neutralité, il n’en est pas de même pour la société civile. Les personnes et les associations font vivre la société civile et y manifestent un pluralisme essentiel. C’est ainsi que l’enseignement catholique fait le choix de définir l’école non comme appareil d’Etat, mais comme communauté scolaire (parents, élèves, professeurs, PO) en partenariat avec l’Etat. Il n’est pas du rôle de l’école de diffuser l’idéal de l’Etat. En ce sens, l’Etat doit reconnaître ses limites, tout particulièrement l’incomplétude de la morale des droits de l’homme, laissant ainsi une place aux contenus religieux, ceux-ci devant bien entendu être compatibles avec ces droits de l’homme. L’Etat n’a donc pas à étouffer ni les convictions religieuses, ni les cultures qui composent la société civile, mais à en garantir l’expression plurielle.  Quant à l’éducation scolaire, la neutralité à laquelle obéissent les savoirs qui s’y enseignent se traduit par un travail critique des cultures reçues. Elle est ainsi un moyen, non une fin de l’éducation démocratique.

Merci à notre délégué épiscopal, Marc Deltour, pour ce compte rendu. 

 Moment d'intériorité : Sebastião Salgado, Le sel de la terre http://www.unicef.org/french/salgado/bio.htm

 Quelques pistes sur l'émocratie ....

 Témoignage de Edmond Blattchen. L’invité de l’après-midi n’était autre que le journaliste liégeois bien connu, Edmond Blattchen. Difficile ici de donner tout le rendu sensible et émouvant de son témoignage. Le mieux est certainement de vous renvoyer à l’entretien qu’E. Blattchen a donné à la revue L’Appel, mars 2016, pp. 24-26. Vous trouverez ce témoignage ci-dessous.